Messieurs du Groupe Raulic,
Comment ne pas être mortifiés par la démesure du complexe
pharaonique que vous projetez de réaliser sur les falaises des Nielles, alors
même que le PLU en vigueur vous enjoint de ne rien construire à l’intérieur
d’une bande de 100 mètres à partir du rivage, à fortiori sur cet ancien camping
municipal, aménagé comme tel avec les deniers des administrés.
« Un espace de santé et de bien-être »,
complémentaire des Thermes marins, dites-vous ? Le rachat de l’ancien Grand
hôtel de la Hoguette et de l’ancienne Clinique Saint-Marie, l’un à l’abandon,
l’autre sous-exploité, pour les réhabiliter et les réaménager en structures de
santé et de bien-être, était une ambition légitime et sa réalisation louable. Pour
rappel, il n’y a eu en l’espèce aucune altération du paysage ni aucun dommage à
l’environnement.
Mais votre projet de construction « pleine pente »
sur une demi-douzaine de niveaux descendant vers la mer, serait une hérésie visible
depuis la plage qui, si l’on ne s’y opposait pas, ouvrirait la voie à d’autres
transgressions du même type, au risque de voir s’étendre comme une lèpre sur
nos falaises le triste exemple espagnol, falaises, qui font encore, grâce au
respect des normes, la spécificité et la fierté du littoral malouin et breton.
Mettre en avant la création d’emplois, la vocation de
formation hôtelière du complexe, la complémentarité avec le Centre des Thermes
marins de la Hoguette, quelle tempête de poudre aux yeux ! Votre projet, présenté
comme n’ayant d’autre but que le bien-être sanitaire et social, s’éloigne de
façon choquante de l’objectif que poursuivaient les pionniers des thermes
marins à Saint Malo, dont l’œuvre reste synonyme d’authentique mise en valeur
de la commune, alors que l’on voit ici s’exprimer avec beaucoup d’arrogance l’ambition
mercantile de particuliers, entièrement axée sur la recherche de profits, ne
reculant pas devant la bétonisation d’espaces sacrés.
Pourquoi pas la Varde, La Cité d’Aleth, les sentiers
douaniers aussi, les cimetières, peut-être ?
Vous allez beaucoup trop loin. Il existe un PLU que
vous ne sauriez faire modifier à votre guise par le biais d’une enquête
d’utilité publique sujette à manipulations.
Quand vous cherchez à légitimer votre projet en vous
référant aux niches privées déjà réalisées au mépris de toutes les règles
d’éthique sur la falaise des Nielles, comment ne pas être révolté par ce
cynisme consistant à se prévaloir d’une première transgression commise en son
temps pour en justifier une nouvelle, nettement plus outrancière. Si on pouvait
dire à l’époque que le projet avait au moins le mérite (discutable) de
convertir une zone de blockhaus en niches intégrées dans la verdure de la
falaise, on voit mal, en revanche, ce qui pourrait justifier une démarche
visant à investir le versant encore vierge de toute construction, en y
réalisant un nouveau bâti visible depuis la plage et destiné à la seule
exploitation immobilière.
Même en cauchemar, on ne pouvait imaginer une telle volonté
d’emprise sur ce qui constitue le seul vrai patrimoine des locaux, l’intangibilité de paysage côtier. Cette
intangibilité, à peu près respectée, en fait le
charme depuis un siècle tant pour les riverains que pour les estivants qui viennent
s’y ressourcer, délaissant désormais les plages et côtes d’autres régions
(PACA, par ne citer que celle-là), souvent dégradées par un urbanisme échevelé et
par l’empiètement éhonté d’intérêts privés sur l’espace public (pratiques
médecinistes).
Dans les années 70, l’activité malouine de pêche hauturière
a vécu ses derniers jours et il a bien fallu, pour vivre, se rabattre sur les
atouts balnéaires liés à la qualité exceptionnelle de nos plages et de nos côtes,
sans comparaison dans l’Hexagone.
Et puis, patatras ! Aujourd’hui, on voudrait abîmer
le joyau commun qui fait notre orgueil, en menaçant l’intégrité de nos côtes,
en désacralisant ce qui a pour nous valeur de sanctuaire, de lieu de
ressourcement, en contrevenant au PLU en vigueur, alors même que diverses
instances nationales affirment vouloir redonner tout son sens à la loi littoral.
Et si nous chérissons ce patrimoine, avec lequel nous entretenons une relation organique,
c’est parce qu’il nous le rend bien. La permanence du site, parce que s’y est
imprimée la mémoire de notre enfance, de nos parents, que s’y perpétuent les
mêmes ébats de nos enfants et petits-enfants, est un facteur de réconfort et
une référence civilisationnelle qui revient régulièrement dans la publicité
faite à notre région.
Et ce ne sont pas les créations d’emplois
d’hôtellerie qui justifient que l’on vienne dénaturer cet espace public, à
vocation d’espace de plein-air.
L’humiliation, en vérité, que constituerait une prise
de pouvoir de l’argent sur notre cadre de vie, et donc sur notre « santé
et bien-être », exige qu’on y oppose une résistance implacable pour la préservation
des espaces vierges existants. Et nous sommes déterminés à ne laisser personne
nous infliger un traumatisme pour servir l’intérêt de quelques-uns au mépris de
la population locale.
La Grande
Motte, non merci.
Messieurs du groupe Raulic, ne vous risquez pas à défier
frontalement notre sensibilité. Les Malouins savent gré à votre groupe de ce
qu’il a accompli à ce jour. Ne gâchez pas cet acquis en vandalisant un tabou. Honte
et malheur à ceux qui vous délivreraient des autorisations contre l’accord des
riverains. Quant aux caractéristiques du site lui-même, sachez que de trop
d’affronts la nature finit par se venger
Les ambitions des promoteurs concernant le
réaménagement de ces structures en un espace de santé et de bien-être qui a
contribué à la réputation de notre cité balnéaire étaient légitimes s’agissant
de réaménager.
Texte d'un de nos adhérents.
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